LSE - Small Logo
LSE - Small Logo

Blog Editor

August 18th, 2014

#LaGrandeGuerreEnAfrique : Les Anciens combattants de la Première Guerre mondiale déclenchent une nouvelle vague de changements sociaux au Cameroun.

1 comment

Estimated reading time: 5 minutes

Blog Editor

August 18th, 2014

#LaGrandeGuerreEnAfrique : Les Anciens combattants de la Première Guerre mondiale déclenchent une nouvelle vague de changements sociaux au Cameroun.

1 comment

Estimated reading time: 5 minutes

Walter Gam Nkwi parle des répercussions engendrées par le retour des soldats camerounais de la Guinée espagnole dans le Grassland camerounais à la fin de la Première Guerre mondiale en 1919.

De retour chez eux, dans la région du Grassland au nord du Cameroun, ces soldats rentrés de Fernando Po en Guinée espagnole, apportent de nouvelles idées. Celles-ci introduisent ‘ la modernité ‘ dans la région. Les anciens soldats sont maintenant devenus non seulement des évangélistes, mais aussi des pionniers d’un ‘nouvel amour’ dans la région.

Soldats camerounais dans les tranchées à Garoua luttent pour l’Allemagne
Soldats camerounais dans les tranchées à Garoua luttent pour l’Allemagne

Les premiers missionnaires allemands sont arrivés au Cameroun au cours du 19ième siècle, ils n’ont cependant commencé à s’avancer dans le Grassland camerounais que lors de la première décennie du 20ième siècle. Les missionnaires allemands (les Pères Pallotins), qui ont introduit le christianisme, ont quitté le territoire lorsque l’Allemagne a été vaincue en 1916. Par conséquent, les soldats, recrutés par l’ancien pouvoir colonial, l’Allemagne, et ayant combattu à Nsanakang, Douala, Yaoundé, et Mora, sont devenus la force motrice de ce changement social par la diffusion du christianisme. Convertis au christianisme à Fernando Po par des religieux allemands, ces anciens soldats ont été dispersés à travers la savane camerounaise, avec pour mission la responsabilité de diffuser « la bonne nouvelle » parmi les leurs.

L’évangélisation, n’était cependant pas sans obstacles, en effet, celle-ci suscitait souvent des tensions entre les chefs traditionnels et les autorités coloniales. Le conflit était fondamentalement dû à l’acquisition de terres car, en règle générale, les dirigeants traditionnels en donnaient aux missionnaires afin qu’ils puissent construire des églises. Deuxièmement, les membres de la famille royale, par leur désir de conversion, aggravaient également ce climat de tensions. De plus, la formation militaire allemande avait rendu les anciens soldats inflexibles et obstinés. Le strict régime d’éducation religieuse reçue, d’abord par les aumôniers militaires allemands sur le front de guerre puis sur les camps de concentration à Fernando Po, a également joué un rôle dans ce conflit.

En dépit des tensions qui ont mené à des arrestations occasionnelles et à de courtes périodes d’emprisonnement, les anciens soldats ont entrepris la construction de bâtiments qui servaient de centres de conversion. Ils ont construit des églises dans leurs villages contre la volonté des chefs traditionnels. Par exemple, à Nkwen, village voisin de la base de Bamenda, les anciens soldats camerounais ont ouvert une église à Futru contre la volonté du Fon Azefor. Dans une autre région du Cameroun, à Tabenken, certains anciens militaires ont introduit la danse Mbaya dont le but était d’attirer de nouveaux convertis dans l’enceinte de l’église.

Malgré une connaissance peu profonde de la foi chrétienne, ces hommes, jugés obstinés non seulement par les chefs traditionnels mais aussi par les autorités coloniales britanniques, ont réussi à apporter d’importants changements à leur société.

Les femmes sont également à l’origine d’une autre source de conflit entre les soldats revenus du front et les chefs traditionnels. En effet, celles-ci font partie des premières conversions au christianisme par les anciens soldats, en particulier les épouses des Fons (chefs traditionnels). Cette attraction est liée à la force libérale qui découle du christianisme.

Selon les rapports coloniaux trouvés dans les archives de Buéa, le Cameroun soutien ce point de vue. Dans ses écrits sur les soldats revenus du front qui ont amené le christianisme, le Sous-Préfet, Hunt, prétend que le retour du christianisme dans le Grassland, particulièrement à Kom, a attiré de nombreuses jeunes femmes, dont les épouses des chefs. La plupart de ces femmes, de sang royal, étaient par extension les épouses du Fon (le chef de terre qui effectuait des fonctions quasi-religieuses). Des procédures judiciaires entre le Fon et les missionnaires étaient d’autre part devenues monnaie courante dans les années 20. Les missionnaires n’étaient cependant pas prêts à laisser leurs nouveaux convertis retourner à leurs coutumes païennes. Ils ont donc défié tout aussi bien l’administration traditionnelle que coloniale.

L’attitude adoptée et la mentalité européenne acquise par ces anciens soldats durant le temps passé à servir aux côtés des officiers allemands était une source supplémentaire d’attraction pour ces femmes. Pour la plupart des femmes, ces hommes incarnaient ‘la modernité’ par leur mode de vie et style de s’habiller, parler et même de penser. En fait, ces femmes tombaient très vite amoureuses de ces anciens soldats. Dans le Grassland du Cameroun, le Fon avait tellement de femmes que certaines n’avaient jamais partagé son lit. De plus, ces dirigeants traditionnels étaient souvent vieux et faibles il était donc peu probable qu’ils puissent satisfaire les besoins sexuels de ses nombreuses jeunes épouses. Le rôle principal de ces jeunes épouses était de labourer les champs du Fon ainsi que de préparer la nourriture pour les invités du palais. Plusieurs de ces femmes ont quitté leurs fonctions royales afin de profiter de ce nouveau type de romance qui semblait les libérer de leur asservissement.

Les anciens soldats n’étaient pas seulement responsables de la mise en cause du statut quo traditionnel antérieur mais défiaient également l’administration coloniale. Dans d’autres parties de l’Afrique de l’Ouest, tels la Guinée, plusieurs anciens soldats étaient au cœur de grèves et émeutes dirigées contre les chefs et l’administration coloniale.

Walter Gam Nkwi est maître de conférences à l’Université de Buéa au Cameroun.

About the author

Blog Editor

Posted In: Conflict | International Affairs

1 Comments

Bad Behavior has blocked 308462 access attempts in the last 7 days.